Elle me hait de ses maints yeux de myope.
Conception des ténèbres, ignominie enfantée par quelque cauchemar cosmique,
vomissure du Mal, sans-âme échappée du pays de la damnation, bête née de la
cervelle d'un dieu mauvais ou pure émanation des égouts de la géhenne, toujours
est-il que l'araignée est là, qui me fixe.
Et me glace les sangs.
Immobile, minuscule, mince et sombre, ses crochets sous mon regard
d'épouvanté deviennent géants et vont bientôt m'enlacer, alors même que d'un
simple coup de talon je pourrais l'aplatir. Pourtant je n'ose, pétrifié par le
monstre gros comme un fétu de paille.
Elle s'approche. Je suis un marbre tremblant, une feuille de pierre, une
enclume de chair. Elle grimpe sur ma chaussure, abjecte jusque dans ses moindres
mouvements. Avec son flanc comme une vivante immondice, n'est-elle point hideuse
la réprouvée qui s'accroche au cuir luisant ? Ses longs doigts velus dérapent
sur mon soulier. Et méchamment s'agrippent, insistent ! L'infernale créature
parvient à ma cheville... Et se hisse, résolument. Moi, je ne suis plus qu'un
chêne prêt à tomber en poussière : l'effroi incarné.
Je sens ses griffes immenses qui encerclent mon esprit, emprisonnent ma
raison, mettent en cage mon souffle, ma pensée et mon âme. Elle continue de progresser, ses crocs me possèdent, son abdomen maudit d'entre toutes les
inventions de la Création glisse le long de ma jambe... Je devine ses entrailles
répugnantes et les grossis, les invente, les projette mille fois plus noires
qu'elles ne le sont en réalité. Mais je suis prisonnier de ma terreur. Incapable
de raison.
Elle vient à moi chargée de toute sa haine, sa haine remontée des siècles
lointains, héritée des temps les plus obscurs de la planète où la vie
s'éveillait à peine...
Malveillance originelle demeurée intacte depuis les profondeurs
millénaires de la terre et les gouffres immémoriaux de la genèse ! La haine, la
Haine qu'éprouve la prédatrice pour tout ce qui vit, tout ce qui est bien, bon et
beau. Je redoute ce fiel inextinguible, sans fond, sans fin de la maléfique... Une huitaine de fois reproduit !
Une fureur démesurée enfermée dans un être si ténu...
Cette aversion innée que conçoit l'arachnide pour l'Univers, ne la lisez-vous
pas sur les multiples index de sa main affreuse, sur son ventre sans chaleur, à
travers la nuit dont elle est imprégnée ?
Elle arrive à mi-hauteur de mon corps statufié. D'un tressaillement d'horreur
je la précipite involontairement au sol.
Libéré de l'effrayante étreinte, j'émerge peu à peu de mon enfer. La fièvre de la vengeance me monte à la tête. Je vais la foudroyer, la broyer, la
pulvériser, la réduire à l'ordure, la rendre au néant, la mêler à la poussière,
l'expédier aux feux éternels. Je frissonne de toutes parts : coeur, os,
conscience.
Et je frémis tant et si bien que je décide de laisser la vie à mon
ennemie. Tant de déchéance incarnée me pousse à la pitié, à la miséricorde. Je
n'écraserai point les frêles bras ignobles. L'expérience de la hideur m'a donné
l'envie de l'amour : la vue de ces huit pattes a fait naître chez moi deux
ailes.
VOIR LES DEUX VIDEOS :
https://youtu.be/uZbwxWJ6Cs4
hhttps://youtu.be/BgXulFry1PM
https://youtu.be/uZbwxWJ6Cs4
hhttps://youtu.be/BgXulFry1PM
6 commentaires:
Qu'y a t-il de plus effrayant qu'une araignée ?
C'est à mon avis le représentant le plus horrible du règne animal et je me demande bien ce que Dieu pouvait avoir en tête aux premiers jours de la Genèse pour façonner un être si répugnant.
Certes, il a compensé la laideur du monstre en lui accordant la capacité à réaliser son chef-d'œuvre arachnéen, merveilleuse dentelle dont l'homme ne connait pas le secret et qui est l'une des plus belles et mystérieuses productions artisanales de la création.
Mais l'araignée, et son énorme abdomen,sa tête à crochets, montée sur huit pattes, prête à bondir comme sur autant de ressorts, semble rescapée de l'époque des tyrannosaures et autres charmantes espèces que l'on préfère ne pas croiser sur son chemin.
Enfant, lorsqu'une d'elle venait s'égarer dans la chambre, des frissons d'horreur me parcouraient.
J'en arrivais, sentant sa proximité dans l'obscurité, à l'entendre courir au milieu des fleurs du papier de la tapisserie.
Et, me précipitant sur l'interrupteur, je me trompais rarement sur la nécessite à projeter de la lumière pour dévoiler le monstre.
Évidemment, je poussais un hurlement pour que mes parents viennent à mon secours.
Il m'était impossible d'entrer moi-même en contact avec la bête, même à travers ma pantoufle.
Et une fois aplatie sur le mur, réduite à sa plus simple expression, telle une fleur desséchée au milieu d'une page d'herbier elle me donnait encore plus la chair de poule.
Ajoutons qu'après cette nocturne aventure terrifiante il me fallait un bon moment pour retrouver le sommeil.
Dans la région du Sud-ouest où je vis, il y en a nettement moins.
En tout cas, pas de ces énormes noires velues qui me terrorisaient dans le Nord.
Est-ce le climat qui fait qu'elles ne se plaisent pas ?
La présence d'une plus grande diversité d'oiseaux prédateurs ?
Ou l'absence de caves et de greniers dans lesquelles elles adorent tisser leurs toiles et , tapies dans l'ombre, attendre leurs proies ?
Le fait que les arachnides au format préhistorique désertent ma région d'adoption lui confère un attrait touristique certain.
Les maisons, souvent des longères auxquelles s'ajoutent parfois un chai ,n'ont ni fondations ni combles à trésor.
Mais, et c'est là que le bas blesse, que se trouve le propos de ma réflexion.
Des maisons sans profondeur et sans hauteur sont pour moi sans âme.
Regrettant les caves humides et obscures qui sentaient le charbon et les pommes de terre, ainsi que les greniers pleins de bric à brac et de boites en tout genre, j'en arrive à regretter leurs hôtes arachnéens.
Comment me serais-je construite sans cave, merveilleuse et impensable cachette pour fillette téméraire et sans grenier pour rêver du prince charmant, bravant les dragons à huit pattes en fouillant dans les malles ?
Ce qui, si on pousse la réflexion, revient à dire que l'on se construit en dépassant ses terreurs.
C'est à cela que Dieu a du penser lors de la création !
filledemnemosyne,
Vous avez fort bien évoqué la chose avec vos mots !
Raphaël Zacharie de IZARRA
Un éléphant qui se balançait, sur une toile d'araignée ohé ohé
Trouva ce jeu si intéressant, qu'il alla chercher un deuxième éléphant!
La peinture à l'huile c'est moins difficile
Mais c'est bien plus beau que la peinture à l'eau !
Babar verbe du troisième groupe au présent
Je babare
Tu babares
Il babare
Nous babarons
Vous Babarez
Ils Babarent
Mais j'aime mieux au futur
Peut être que je babarerai...
Et au conditionnel passé
J'aurai déjà babaré si l'occasion s'en était présentée
Fin du cours d'orthographe.
Ramassez vos livres et sortez en rang !
Quelques précisions supplémentaires quand à l'emploi effectif de ce verbe et qui sont règles de base du bon sens... grammatical et syntaxique!
Il ne pourrait, en aucun cas, être envisagé dans le cadre de son utilisation en tant qu' anastrophe, en chiasme, au cœur d'une antithèse, bref, en inversion.
Flûte, j'avais oublié...Pour toutes les araignées écrasées à cause de moi.
Au paradis des araignées vous êtes désormais. Nouvellement jumelé avec le paradis des mouches.Vous n'avez pas perdu au change!!!
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