Les silhouettes autour du macchabée forment une escorte irréelle. Vêtus de
blanc, les vivants accompagnent le défunt avec sérénité.
Sanglé sur sa civière, le cadavre est baigné dans le Gange avant d’être
déposé sur le bûcher..
Les flammes peu à peu éloignent les brumes du matin, le corps se consume, le
soleil monte dans le ciel.
Bientôt les bruits de la ville atteignent le bord de la rive : cris
vulgaires des humains et tapages de leur industrie misérable se mêlent
aux beuglements des quadrupèdes... Des touristes occidentaux frissonnent de
cette crasse, de cette crudité, de ce choc.
Une grande paix s’installe en ce lieu ultime et la beauté règne dans cette
dépouille qui continue de se dissoudre au milieu des détritus et des restes de
cendres d’autres trépassés.
Au bout de trois heures tout est parti en fumée, a été rendu à la
poussière, transformé en lumière.
D’autres candidats à la crémation arrivent déjà, des brancards chargés de
morts attendent leur tour parmi de nombreux foyers à divers stades de
combustion.
Ainsi en va-t-il des jours et des hommes dans cette cité vieille comme le
monde.
Mourir à Bénarès, porte du Ciel, afin d’échapper à la roue des retours. S'éteindre là-bas, vrai privilège, pour s’élever et ne plus retourner sur
Terre.
Disparaître à Bénarès pour n’y plus jamais revenir.
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